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RENDEZ-VOUS AVEC LA MORT / APPOINTMENT WITH DEATH
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RENDEZ-VOUS AVEC LA MORT
La première fois était le trente-et-un octobre deux mille treize, le jour d’Halloween. Il s’était présenté à elle et lui avait demandé de l’appeler « Mort ». Il était effrayant, elle était sorcière. Il l’avait surprise avec ses grands airs, l’avait fait rire mais aussi un peu pleurer, le temps de consoler les morts. Ils avaient marché le long des côtes de Plymouth, par Madeira Road jusqu’aux quais de River Plym, non loin des bars. C’est dans un de ces fumoirs, « The Cider Press », imprégné du charme anglais, qu’ils s’étaient rencontrés. Il y eut une deuxième fois puis une troisième toujours à la même date mais pas la même année. Aujourd’hui encore, elle se retrouve assise sur cette même chaise, la table ne les séparant que de quelques centimètres. Jusque-là, leurs rendez-vous nocturnes ne lui avaient pas permis d’en connaître plus sur l’inconnu à la cape noire ; elle ignorait donc qui il était vraiment. Cette fois-ci, elle avait décidé de tenter sa chance et de voir jusqu’où cette aventure les mènerait.
« Toujours le même costume ? susurra-t-elle.
— Toujours.
Sa voix grave, légère et envoûtante l’avait entièrement conquise. Il était grand, très grand mais c’est tout ce qu’elle avait pu découvrir de lui. Un mystère, voilà ce qu’il était resté pour elle. Le premier soir, elle l’avait vite oublié. Elle avait eu des amourettes d’un jour, des histoires un peu plus longues, enfin généralement celles qui ne dépassaient pas un mois de vie. Elle eut un rire malicieux en y songeant.
— Qu’est-ce qui te fait sourire ? interrogea l’homme d’un regard qui cherchait la cause de ce gloussement si soudain.
— C’est toi, répondit-elle, sa main glissant discrètement vers ses bouts d’os.
Il lui avait souvent dit que c’était une illusion d’optique. N’empêche, son costume, pour sa part, était habilement fait. Elle l’avait d’ailleurs souvent félicité pour ce côté réaliste d’un faucheur d’âmes. Est-ce pour cette raison qu’il n’avait pas voulu en changer cette fois-ci encore ? se demandait-elle.
— Que regardes-tu ?
— Toi.
Elle soupira longuement puis reprit :
— Je te regarde. Tu m’obsèdes. C’est fou, en seulement deux rencontres, tu as fait de moi ta première fan.
La jeune femme prit une gorgée de sang frais – mélange de jus de fraises et de limonade – avant de tenter de poser sa main sur la sienne. Il se rétracta légèrement. Comme toujours, il se montrait distant.
— Vas-tu disparaître comme les autres fois, Mort ? s’inquiéta-t-elle.
L’homme la regardait, admirait ses pommettes roses puis sa mèche de cheveux qui retombait inlassablement sur ses yeux. Mais visiblement, cela ne la dérangeait pas de refaire le même geste. Il avança alors sa main droite et effleura de ses doigts la mèche noire qui déjà blanchissait légèrement. Les grands yeux amande de la jeune femme lui rappelaient ceux d’un de ces contes pour enfant que les Hommes aimaient bien citer, « La Belle au bois Dormant ».
— Je vais disparaître, oui, dit-il simplement.
Elle semblait désenchantée. La tête alanguie sur sa main gauche, elle se détourna alors vers le barman. L’homme inquiet reprit :
— Tu es déçue ?
Elle se retourna vers lui et le fixa plus sérieusement :
— Mort, dis-moi la vérité, as-tu quelqu’un dans ta vie ?
— Non, je te l’ai dit pourtant, je n’ai personne. Et toi ? As-tu refait ta vie ?
— Pas depuis que je t’ai revu l’année dernière.
— Te manquerais-je ?
Elle reprit une nouvelle gorgée et attendit qu’il en dise plus mais l’homme restait silencieux.
...
La première fois était le trente-et-un octobre deux mille treize, le jour d’Halloween. Il s’était présenté à elle et lui avait demandé de l’appeler « Mort ». Il était effrayant, elle était sorcière. Il l’avait surprise avec ses grands airs, l’avait fait rire mais aussi un peu pleurer, le temps de consoler les morts. Ils avaient marché le long des côtes de Plymouth, par Madeira Road jusqu’aux quais de River Plym, non loin des bars. C’est dans un de ces fumoirs, « The Cider Press », imprégné du charme anglais, qu’ils s’étaient rencontrés. Il y eut une deuxième fois puis une troisième toujours à la même date mais pas la même année. Aujourd’hui encore, elle se retrouve assise sur cette même chaise, la table ne les séparant que de quelques centimètres. Jusque-là, leurs rendez-vous nocturnes ne lui avaient pas permis d’en connaître plus sur l’inconnu à la cape noire ; elle ignorait donc qui il était vraiment. Cette fois-ci, elle avait décidé de tenter sa chance et de voir jusqu’où cette aventure les mènerait.
« Toujours le même costume ? susurra-t-elle.
— Toujours.
Sa voix grave, légère et envoûtante l’avait entièrement conquise. Il était grand, très grand mais c’est tout ce qu’elle avait pu découvrir de lui. Un mystère, voilà ce qu’il était resté pour elle. Le premier soir, elle l’avait vite oublié. Elle avait eu des amourettes d’un jour, des histoires un peu plus longues, enfin généralement celles qui ne dépassaient pas un mois de vie. Elle eut un rire malicieux en y songeant.
— Qu’est-ce qui te fait sourire ? interrogea l’homme d’un regard qui cherchait la cause de ce gloussement si soudain.
— C’est toi, répondit-elle, sa main glissant discrètement vers ses bouts d’os.
Il lui avait souvent dit que c’était une illusion d’optique. N’empêche, son costume, pour sa part, était habilement fait. Elle l’avait d’ailleurs souvent félicité pour ce côté réaliste d’un faucheur d’âmes. Est-ce pour cette raison qu’il n’avait pas voulu en changer cette fois-ci encore ? se demandait-elle.
— Que regardes-tu ?
— Toi.
Elle soupira longuement puis reprit :
— Je te regarde. Tu m’obsèdes. C’est fou, en seulement deux rencontres, tu as fait de moi ta première fan.
La jeune femme prit une gorgée de sang frais – mélange de jus de fraises et de limonade – avant de tenter de poser sa main sur la sienne. Il se rétracta légèrement. Comme toujours, il se montrait distant.
— Vas-tu disparaître comme les autres fois, Mort ? s’inquiéta-t-elle.
L’homme la regardait, admirait ses pommettes roses puis sa mèche de cheveux qui retombait inlassablement sur ses yeux. Mais visiblement, cela ne la dérangeait pas de refaire le même geste. Il avança alors sa main droite et effleura de ses doigts la mèche noire qui déjà blanchissait légèrement. Les grands yeux amande de la jeune femme lui rappelaient ceux d’un de ces contes pour enfant que les Hommes aimaient bien citer, « La Belle au bois Dormant ».
— Je vais disparaître, oui, dit-il simplement.
Elle semblait désenchantée. La tête alanguie sur sa main gauche, elle se détourna alors vers le barman. L’homme inquiet reprit :
— Tu es déçue ?
Elle se retourna vers lui et le fixa plus sérieusement :
— Mort, dis-moi la vérité, as-tu quelqu’un dans ta vie ?
— Non, je te l’ai dit pourtant, je n’ai personne. Et toi ? As-tu refait ta vie ?
— Pas depuis que je t’ai revu l’année dernière.
— Te manquerais-je ?
Elle reprit une nouvelle gorgée et attendit qu’il en dise plus mais l’homme restait silencieux.
...